Décembre 1989, en pleine préparation des fêtes de fin d'année, les images d'un pays à la fois lointain et proche nous atteignent en pleine face et remuent nos consciences. La formule « le poids des mots, le choc des photos », prend tout son sens.
 
Le récit des Orléanais de retour de Lugoj finissent de convaincre les Chanteausiens qu'il faut entreprendre une action. Une collecte de jouets, de vêtements, de fournitures scolaires mobilise les habitants et, accompagnés de deux volontaires, nous nous joignons au convoi d'Orléans d'avril 1990.
 
La traversée de la Hongrie nous prépare à peine au choc de l'entrée en Roumanie. La pauvreté et la misère sont flagrants. Les gamins nous saluent, nous font des signes, certains à genoux. Des gestes suppliants pour arrêter le convoi sont comme des appels au secours. Tous les trois (René, Gérard et Guy), nous avons le mouchoir à la main. Personne n'a le cœur à plaisanter. Nous passons ensuite à TIMISOARA où la misère est toujours présente, puis LUGOJ et enfin GAVOJDIA.
 
GAVOJDIA est un petit village à 12 km environ de LUGOJ, promis à l'époque de CEAUÇESCU à la destruction systématique. Il compte une école maternelle, une école primaire avec huit niveaux, un hôpital psychiatrique et un orphelinat.
 
Ces quatre jours de 1990, ont été des moments intenses qui resteront gravés à jamais dans la mémoire des trois volontaires que nous sommes. Les images vues en France et malgré tout atténuées par la télévision prenaient forme et devenaient cruellement réelles. Les mots sont dérisoires pour relater les émotions ressenties durant ces visites. Le dénuement et la détresse étaient omniprésents. Nous avions l'impression que la vie s'était arrêtée depuis de nombreuses années.
 
Nous tenions à aller à la rencontre des habitants et à visiter les écoles, l'orphelinat et l'hôpital. En compagnie des représentants de la municipalité nous avons procédé à la distribution :

La détresse matérielle était terrible et notre convoi une goutte d'eau dans un océan, mais la détresse morale de ces habitants était insupportable. La chaleur et la qualité de l'accueil, l'envie et la curiosité de tout savoir sur notre vie à l'Ouest, les récits de ces gens restés trop longtemps silencieux sont autant de moments gravés à jamais dans nos coeurs.

Ces jours intenses en émotion ont été très difficiles à raconter à notre retour, illustrés par de simples images sur pellicule. Mais il était évident que ce premier voyage ne devait pas et ne pouvait pas rester sans suite.
 
C'est ainsi qu'en juin 1990, l'Association Chanteau-Gavojdia a été constituée, ayant pour but :